Système éducatif ivoirien:Un enseignant envoie une lettre ouverte à Mariatou Koné
Les reformes de la ministre Mariatou Koné continuent de susciter des réactions dans le milieu des intellectuels ivoiriens. Dans une lettre ouverte à la ministre, Gahoua Georges Mélaine professeur d’espagnol au lycée moderne 3 de Gagnoa soulève des points clés qui selon lui devraient être traités par la ministre de façon urgente .
« Madame la ministre, votre nomination à la tête du MENA a suscité et continue de susciter beaucoup d’espoir chez tous les acteurs du système éducatif. Oui il était vraiment temps de compter avec l’expérience d’un orfèvre pour sortir l’école ivoirienne de la sclérose.
Depuis une décennie, malgré la politique gouvernementale et toutes les intelligences dont regorge notre pays, la santé de notre système éducatif donne de l’insomnie. Notre système éducatif jadis envié au-delà de nos frontières connaît une chute vertigineuse. Nous avons même été tristement à la remorque de certains petits pays d’Afrique qui jouissent d’un système éducatif en sursis. Il y a véritablement problème. Décideurs ou non, nous devons tous réagir à la vitesse de la lumière pour permettre à notre école de retrouver ses lettres de noblesse.
Madame la ministre, je voudrais vous féliciter pour l’initiative des états généraux sur l’école et surtout pour l’engouement que ce projet suscite. Des délégations parcourent le pays. Des comités dirigés par des préfets ont vu le jour dans chaque région. Cela démontre effectivement que les ivoiriens porte un intérêt appuyé à la chose éducative.
Mme la ministre, pour avoir raison du mal qui mine l’école, il faut une véritable »auscultation » pour ne pas dire un véritable diagnostic mené par des chevronnés lavés de toutes odeurs politiques. Vous savez très bien qu’avant votre arrivée, il y a eu plusieurs séminaires ou tables rondes à Bassam où les organisations syndicales et des responsables ministériels ont planché sur le gros malade qu’est notre système éducatif. Des livres blancs ou rapports ont sanctionné les travaux mais malheureusement rien n’y fit.
Mme la ministre, si je n’ai pas une mémoire de lièvre, à la veille du concours de CAFOP, vous affirmiez que » les élèves sont bons mais ce sont les enseignants qui sont le problème ». Oui vous avez pleinement raison.
Comment peut-on rêver d’une chorale performante et compétitive si le maître de chœur recruté sur la base d’une relation vénale est incapable de lire une partition ?
Je voudrais vous inviter à négliger un clin d’œil sur ces quelques épines au pied de notre école.
– le recrutement d’enseignants avec le BEPC est suicidaire, les effectifs pléthoriques, la bivalence imposée à certains enseignants, la perte de l’autorité et de la dignité de l’enseignant, le manque criard d’infrastructures, les congés anticipés, la fraude à tous les niveaux
Mme la ministre, si les états généraux visent à poser un diagnostic ouvert du système éducatif pour prendre une décision en vue de construire un pacte social pour une école de valeur, il faut agir urgemment en faveur des formateurs qui sont au cœur de l’éducation des enfants. Une école de qualité passe par des enseignants revalorisés.
Je voudrais vous inviter à agir en faveur de la valorisation des enseignants à travers le reversement des salaires suspendus et ponctionnés, la revalorisation des salaires et l’indemnité de logement, la revalorisation de la prime de transport et celle liée aux examens à grand tirage, la suppression de la contribution de nationale sur les bulletins de salaire.
Voici Mme la ministre, le terrain sur lequel nous voulons jouer pour brandir le trophée d’une école de qualité.
Que Dieu veille sur vous de jour comme de nuit afin que sous votre autorité les enseignants puissent chanter un cantique nouveau ».
Gahoua Georges Mélaine professeur d’espagnol au lycée moderne 3 de Gagnoa