SantéSCIENCE

Tout savoir sur le gaz hilarant, nouvelle drogue en vogue aux effets potentiellement dangereux.

Le protoxyde de carbone, un produit psychoactif très consommé par les jeunes, rencontre de plus en plus de succès. Mais il n'est pas sans risques pour la santé. Radarpress vous donne plus de détails.

Alors que le gouvernement ivoirien a interdit la consommation de chicha en lieu public, les jeunes ivoiriens perpétuellement en quête de substances chimiques font une nouvelle découverte. Il s’agit de la nouvelle drogue en vogue aux effets potentiellement dangereux appelée protoxyde d’Azote ou gaz hilarant.

Qu’est-ce que le protoxyde d’azote ?

Usuellement appelé “proto” ou “gaz hilarant”, le protoxyde d’azote (N2O) est un gaz employé pour différentes utilisations. C’est un gaz pratiquement inodore, avec un vague goût métallique faible.

Découvert il y a 2 à 3 siècles, il est utilisé “pour la propulsion de fusées et pour augmenter la puissance des moteurs, il a également des propriétés anesthésiques et analgésiques, mais pas très puissantes. Il est administré avant l’utilisation d’analgésiques plus forts ». On le retrouve aussi dans le secteur alimentaire, par exemple pour propulser la mousse chantilly. Il est donc librement accessible à tous, aussi bien sur internet que dans le commerce.

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Utilisé à des fins “récréatives”

Mais depuis plusieurs années, il est détourné de son usage initial pour ses propriétés euphorisantes et se retrouve conditionné dans des ballons de baudruche afin d’être inhalé. “Il provoque des fous-rires, jusqu’à une forme d’ivresse, avec des troubles de la perception jusqu’à l’hallucination. Il procure une sensation de bonheur accompagné de rires jaunes.

Le kit du protoxyde d'azote
Le kit du protoxyde d’azote

Un produit à risques

La consommation de ce produit à l’état brut est très dangereuse et peut entraîner la mort en cas d’utilisation répétée.

Les effets sur le cerveau

“Dans les conditions normales, le glutamate, acide aminé excitateur naturellement présent dans notre corps, est libéré et met en route, via l’activation de récepteurs spécifiques appelés NMDAR, le système inhibiteur GABA pour un fonctionnement harmonieux dans le cerveau. Or, le protoxyde d’azote empêche l’action du glutamate sur ses récepteurs, ce qui engendre la désinhibition de certains circuits qui interviennent dans la régulation des perceptions sensorielles, et leur excitation excessive provoque des troubles de sensations, voire des hallucinations. »

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On retrouve ce même dysfonctionnement avec la prise de kétamine, anesthésique également utilisé à des fins récréatives. “Il y a des hallucinations dues à des perturbations du fonctionnement de certaines zones du cortex. Tout cela s’emballe et provoque des troubles de sensations, comme avec le protoxyde d’azote”.

Le côté euphorisant qui se manifeste par des rires et une sensation de bonheur vient de la libération accrue de dopamine, le neurotransmetteur du “circuit de récompense”, aussi appelé l’hormone du plaisir. Comme les neurones à dopamine sont normalement freinés par le GABA, et que la mise en jeu de celui-ci dépend du glutamate, le blocage des NMDAR par le protoxyde d’azote entraîne leur activation et donc la libération de leur neurotransmetteur.

Cet effet dure deux à trois minutes. Mais plus les consommateurs recherchent ce plaisir, plus il y a un risque de vouloir renouveler ce plaisir et de tomber dans l’addiction. Une consommation accrue peut aller jusqu’à plusieurs centaines de cartouches par jour. C’est le deuxième produit addictif le plus consommé chez les jeunes après le cannabis.

Les risques immédiats

C’est un gaz éliminé assez rapidement par la respiration notamment. Outre cette courte sensation d’euphorie, qui disparaît au bout de quelques minutes, l’inhalation du protoxyde d’azote expose à plusieurs effets indésirables. On peut citer entre autres :

  • Asphyxie par manque d’oxygène ;
  • Perte de connaissance ;
  • Brûlure par le froid du gaz expulsé de la cartouche ;
  • Perte du réflexe de toux (risque de fausse route);
  • Désorientation ;
  • Vertiges ;
  • Risque de chute ;
  • Nausées et vomissements ;
  • Maux de tête ;
  • Crampes abdominales ;
  • Diarrhées ;
  • Somnolence ;
  • Acouphènes.
Les risques en cas d’utilisation régulière ou à forte dose

“Lorsque l’on prend du protoxyde d’azote de façon chronique, les conséquences peuvent être dramatiques. Il peut y avoir des lésions dans la partie basse du cerveau visibles en imagerie”. Et pour cause : “la vitamine B12 est oxydée et inactivée par le protoxyde d’azote. Or, cette vitamine est nécessaire au maintien de la gaine de myéline qui entoure les fibres nerveuses et joue un rôle majeur dans la conduction de l’influx le long de ces fibres.

du protoxyde d'azote
du protoxyde d’azote

La myélopathie provoquée par la prise répétée de protoxyde d’azote peut entraîner des troubles dans la coordination motrice, notamment des troubles de la marche, jusqu’à des chutes, des déficits dans l’habileté manuelle, mais aussi des désordres cognitifs comme une perte mnésique et une difficulté de raisonnement.

Voici les risques majeurs lors d’une utilisation régulière ou à forte dose de protoxyde d’azote :

  • Atteinte de la moelle épinière ;
  • Carence en vitamines B12 ;
  • Anémie ;
  • Hallucinations visuelles ;
  • Pertes de mémoire ;
  • Troubles de l’érection ;
  • Troubles de l’humeur de type paranoïaque ;
  • Hallucinations visuelles ;
  • Troubles du rythme cardiaque ;
  • Baisse de la tension artérielle.

Les troubles peuvent apparaître tardivement, après plusieurs mois d’utilisation répétée. Ils sont généralement réversibles à l’arrêt de la consommation, mais des séquelles neurologiques peuvent perdurer. Le traitement à base de vitamine B12 est alors prescrit pour accélérer la récupération motrice.

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